dimanche 17 juin 2012
Exposition de Hannibal Volkoff à la Galerie Hors-Champs
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La Galerie Hors-Champs
présente
Hannibal Volkoff
« Identification d’un masque : nous avions
ri des prophéties, et dansé sur leur linceul»
Photographies
Vernissage le mardi 26 juin 2012 de 18
heures à 21 heures
Exposition jusqu’au 4 septembre 2012
Contact presse :
info@benjaminmontaud.com
Du 26 juin 2012 au 4
septembre 2012, la Galerie Hors-Champs présente les clichés générationnels du
jeune photographe Hannibal Volkoff. Après Larry Clark, Gus Van Sant et Nan
Goldin, malgré le poids des références, Hannibal Volkoff trouve sa place,
auprès de ses modèles / congénères qu’il dépeint en une variation maniériste,
entre sextape, réseaux virtuels, et clins d’œil aux grands maîtres.
Rapsodie sur une jeunesse actuelle
L’exposition « Identification d’un masque :
nous avions ri des prophéties, et dansé sur leur linceul » compose ce que l’on
pourrait appeler une variation générationnelle, autour de ces sphères définies
par l’insouciance, le sexe, la fête. Elle s’attarde sur leur aspect
initiatique, l’assimilation simultanée des codes sociaux et de ce que peut son
corps, du pouvoir qu’a son corps contre ces codes. La culture et la contre
culture comme un jeu de test, de dosage de la sphère, la liberté des pulsions
comme un tâtonnement fragile et impatient des identités.
Culte du corps / culte de l’image
L’adolescence que Hannibal Volkoff
photographie réclame qu’on la voit, qu’on la prenne en photo. Attitudes
provocatrices, looks improbables, expérience des limites, les poses sont des
messages au sein d’une société du culte de l’image, du «quart d’heure de
célébrité», de l’immédiateté la plus virtuelle. Il ne fait pas des mises en
scène de corps, mais prends en photo des corps qui se mettent en scène.
Les sens en éveil
Hannibal Volkoff est toujours attentif à la
texture, à « une peau de l’image » granulée, scrutant et sculptant ce qui, dans
ces parenthèses culturelles, est intemporel – la vitalité de la jeunesse,
l’érotisme, l’éphémère. Son travail plastique est souvent onirique, mais
parvient à ne jamais contredire l’instantané, au contraire pour mieux mettre en
valeur l’essentiel d’un instant.
L’essentiel, c’est à dire les sens en éveil, les masques qui parlent,
les énergies qui se sécrètent et que son travail de l’image déploie pour leur
rendre l’échappée belle.
Hannibal
Volkoff est né en 1986 à Nantes, et vit et travaille à Paris.
Après des études d’art appliqué à l’école
Pivaut puis une excursion dans le cinéma en tant que réalisateur et assistant
réalisateur, Hannibal Volkoff se consacre à la photographie à travers ses
recherches plastiques et ses reportages communautaires. Il expose son travail
depuis 2010 en province et à Paris dans des lieux tels que la Galerie Le
Simoun, l’Espace Pierre Cardin, ou encore en collaboration avec Gaspard
Yurkievich. Il est par ailleurs
directeur artistique de la Galerie Hors-Champs (75003), ouverte en 2011.
La Galerie Hors-Champs fête sa première année
d’ouverture. Située au 13 rue de Thorigny (75003), dans le Haut-Marais, elle
est née du désir de Bernard Pegeon (galeriste) et d’Hannibal Volkoff (directeur
artistique) d’explorer l’état actuel de l’art contemporain dans ses multiples
facettes, tout en privilégiant un « art de l’expérience ». Un art de la
transgression, de l’impact physique, permettant au discours de s’épanouir hors
du champ des cadres établis.
Au cours du vernissage, la
Galerie Hors-Champs aura l’honneur de vous présenter la dernière composition
d’Igor Micelli, « Des Poses / Instantanés Permanents », pièce pour alto
solo.
http://www.igormicelli.com
Hannibal
Volkoff : l’autre voie de la Sibylle
« Hannibal Volkoff, c’est l’autre voie de la Sibylle. Prophétesse
délirante pour certains, vérité première et sauvage pour d’autres, la seule
révélation qu’elle livre, c’est la sienne : un dépassement des images (qui n’en
sont plus tout à fait, donc) par les signes. Ce que le photographe demande au
regard, ce n’est rien moins que le consentement. C’est Roland Barthes et sa
phrase sur la littérature, que nous appliquons à la photographie, qui « est là
pour donner un supplément de jouissance, non de décence ».
L’œuvre d’Hannibal Volkoff, c’est cette chute
dans l’inconscient de la parole, ce gémissement de l’instant (et non sa
pérennité), sa furieuse démangeaison. Ce traitement de la désirabilité, cet
aveuglement torturé parce qu’aimant, on a tout lieu de croire que c’est là la
nudité du Temps, sa matière lumineuse vouée à l’absence. C’est en vivant que
l’on brûle. C’est en jouissant que les sens se retirent, qu’ils disent là, plus
qu’à aucun autre moment : nous sommes partis.
Pourtant du Temps il est peu question ; on n’a pas l’impression que
c’est une valeur en laquelle on croit particulièrement, en ces contrées.
L’ambiance serait plutôt à la fête, non au tragique. Ce que la parole ne
recueille pas, ses dépôts, c’est donc cette chasse aux signes qui la désigne.
Il est là question de désir. De fait, le photographe n’est-il pas saisi là en
flagrant délit de désirance ? Le plus participant, c’est lui. Il met son feu
intérieur à l’épreuve des objets qui pulvérisent son regard. Tour à tour il se
déploie, et le moins qu’on puisse dire c’est qu’il veut échapper à la
définition qui pourrait peser sur lui. Son corps n’est pas celui d’un
photographe ; sa seule vérité se trouve dans les gravures – écritures de la lumière
– qu’il laisse dans des nuits parisiennes, mais je préfère parler d’errances
plutôt que de mondanités. « J’y suis » raconte son corps. Et tous ces garçons
qui le regardent, certains majestueux et beaux, d’autres extrêmement connotés,
le tiennent bien parmi eux, et le célèbrent sans doute à sa juste valeur : à la
façon qu’ils ont de dévisager l’artiste, on sait qu’il n’est pas pour eux un
élément antinomique à la cérémonie qui a lieu. Sa présence relève de l’ordre du
frère, non de l’ange.
Cela ne l’empêche
pas de faire œuvre de divination. Pareil à la Sibylle, Hannibal Volkoff
projette ces marges dans les couloirs d’un langage échappé de nos trajets,
étrangers à nos alphabets. Il vient raconter des mythes qui pour nous ne sont
que des échos, et les dépose dans le miroir inversé de la nuit.
Contrairement au sphinx d’Œdipe, pour lui ce
n’est pas la personne qui est l’énigme, mais l’énigme qui est corps. Et elle
est pour lui un peu plus que du corps : elle a pour âme ce signe gracieux, tout
en blancheur, qui sait se détacher de lui et engendrer quelques instants la
perte de son destin. Ce que l’on croyait vu n’était pas vraiment vu, ce que
l’on croyait détestable n’était en fait qu’au service de notre plaisir, ce que
l’on croyait douloureux n’était que la condition pour entrer dans la durée du «
bon-heur ». Il y a dans ses révélations un ascétisme de l’œil, qui l’oppose à
la parole, embrasse la forme, dépasse l’objet pour mieux tomber dans
l’amoureuse consécration des signes.
Ce
que j’aime dans les photographies d’Hannibal Volkoff, c’est qu’on a toujours
l’impression d’avoir fait un pas de trop, d’avoir poussé une porte que l’on
n’aurait pas dû ouvrir, de s’être imposé discrètement dans quelque chambre
fermée. C’est la blague fameuse : « Comment ça vous ne voyez rien ? » hurle la
femme au policier, qui ne voit rein d’anormal, qu’elle fait venir chez elle
pour se plaindre du trop grand exhibitionnisme de ses voisins. Mais elle ne se
décourage pas : « Comment ca vous ne voyez
rien : eh bien montez donc sur la chaise et redites moi que vous ne voyons rien
! » Tout cela, c’est parce qu’il nous montre l’endroit où cueillir ce qui lui
tient lieu de rameau d’or. Et ce lyrisme de l’intime, cette anthologie des
gestes perdus, ravages silencieux infligés à la mort, il n’est jamais de trop
dans nos vies. Depuis la glorieuse période de Cumes, près de Naples, au récit
de Virgile sur les bords du Lac d’Averne, dans le périple que fit Énée aux
Enfers, la Sibylle a trouvé là son fils. »
Mathieu François du Bertrand