vendredi 23 mars 2012
Exposition de Djan Silveberg à la Galerie Hors-Champs
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La Galerie Hors-Champs présente
Djan Silveberg
Irrévérence
Exposition du 19 avril 2012 au 19 mai 2012
Vernissage le jeudi 19 avril 2012 de 18 heures à 21 heures
Le
vilain petit canard est de retour, cette fois-ci bien décidé à tout
faire sauter. Armé de dynamite, trônant sur son ténébreux socle, le
poussin-kamikaze accueille le visiteur dans la gloire de son
individualisme -jusque dans le choix de sa destruction. Quelle serait la
cause qu’il défend ? Une ration supplémentaire de planctons ? Retourner
dans sa coquille ? Ou peut-être tout simplement réaffirmer sa place
dans une société en perte de repères, où tout semble être en permanence à
deux doigts d’exploser…
Il
donne en tout les cas le ton de la première exposition de Djan
Silveberg à la Galerie Hors-Champs, et de son travail sur le concept
« d’hypermodernité ».
« L’hypermodernité » caractérise, selon des philosophes tel que Gilles Lipovetsky, notre société en tant que prolongement de la société post-moderne. Elle se définit par un engrenage effréné de l’excès, individuel ou collectif, menant aux extrêmes dans les sphères les plus diverses de la vie sociale et économique : une modernité, en quelque sorte, que plus rien ne peut arrêter dans l’intempérance de son essor. Hyperfinanciarisation, hyperconsommation, hyperindividualisme, hypermédiatisation, etc., notre société adopte la folle course des superlatifs dans tous ces secteurs –mais une course contre quoi ?
« L’hypermodernité » caractérise, selon des philosophes tel que Gilles Lipovetsky, notre société en tant que prolongement de la société post-moderne. Elle se définit par un engrenage effréné de l’excès, individuel ou collectif, menant aux extrêmes dans les sphères les plus diverses de la vie sociale et économique : une modernité, en quelque sorte, que plus rien ne peut arrêter dans l’intempérance de son essor. Hyperfinanciarisation, hyperconsommation, hyperindividualisme, hypermédiatisation, etc., notre société adopte la folle course des superlatifs dans tous ces secteurs –mais une course contre quoi ?
Djan
Silveberg, plutôt que de se complaire dans des lamentations
eschatologiques, prend le pari de l’humour et de la prise de distance
face au tumulte afin de mieux s’interroger sur l’état du monde.
Ses
médiums et techniques sont multiples, de l’installation au dessin en
passant par la sculpture ou la performance, et permettent, dans leur
pluridisciplinarité, d’explorer avec exigence les nombreux profils de
son message.
L’art
du contrepied de Djan Silveberg passe tout d’abord par son regard
ironique sur le marché de l’art contemporain. Il pointe ainsi du doigt
l’aspect arbitraire et virtuel de la valeur des œuvres avec ses Stolen Paintings, des cadres sur lesquels on discerne encore quelques lambeaux de la toile extraite, ou Sold, sculpture déjà vendue et qui n’en vaut donc que plus cher.
Sa critique s’étend aussi sur la médiatisation dans l’art contemporain, avec Ne les oublions pas, son
affiche parodiant celles appelant au soutien des journalistes pris en
otage, en utilisant cette fois-ci les visages de Jeff Koons et de Damien
Hirst. Quant à sa série des Concetto Speciale, elle est un clin d’œil
ludique et absurde au désir de praticité de l’homme hypermoderne : les
toiles sont équipées d’une ou de plusieurs fermetures éclairs, à ouvrir
et fermer à volonté. On pourrait voir cela comme une métaphore des excès
de l’art contemporain ; chercher ce qu’il y a derrière la toile et
tomber sur un mur (pour le détruire ?)…
La crise, bien sûr, n’échappe pas au mordant décryptage de Djan Silveberg. La sculpture Staff Cuts et l’installation Penny Stock Trader
sont deux exemples du risque de marginalisation intégré dans le système
néolibéral qui menace quotidiennement ses adhérents. De l’employé viré
d’une entreprise, il ne reste plus que les jambes et le reste de son
corps semble arraché par la nouvelle du renvoi ; quant au trader ruiné
de l’installation, il en est réduit à mendier avec son ordinateur. Le
traitement se veut frontal sur ces deux « loosers » de la société
hypermoderne, mais avec une violence mêlée de grotesque : ce n’est pas
l’individu que Djan Silveberg traite avec une telle irrévérence, mais
les rouages d’un système économique cavalant vers sa propre perte.
Enfin,
c’est même jusqu’aux rouages du temps que le dérèglement ronge. L’œuvre
Tempus Fugit Fugit est une horloge dont les aiguilles défilent à une
vitesse folle, irrattrapable, et dans un vacarme de tonnerre.
Alors que nous avons à notre disposition une technologie qui nous permet d’être plus rapides dans tous les secteurs (communication, travail, déplacements etc.), nous constatons ne plus avoir le temps de rien du tout. « Le temps fuit » disait Virgile, « le temps qui fuit s’enfuit », répond Djan Silveberg, qui nous offre ainsi l’opportunité de reprendre notre temps en contemplant celui qu’il nous impose, illustration poétique d’une société où, si tout est plus rapide, c’est avant tout pour demander plus de notre part - de travail, de résultat, de consommation – et moins de réflexion…
Alors que nous avons à notre disposition une technologie qui nous permet d’être plus rapides dans tous les secteurs (communication, travail, déplacements etc.), nous constatons ne plus avoir le temps de rien du tout. « Le temps fuit » disait Virgile, « le temps qui fuit s’enfuit », répond Djan Silveberg, qui nous offre ainsi l’opportunité de reprendre notre temps en contemplant celui qu’il nous impose, illustration poétique d’une société où, si tout est plus rapide, c’est avant tout pour demander plus de notre part - de travail, de résultat, de consommation – et moins de réflexion…
Si le temps décide de s’enfuir, alors faisons preuve d’irrévérence à son égard, et créons le nôtre.
Galerie Hors-Champs
13, rue de Thorigny 75003 Paris
Contacts :